LE RETOUR DE "LA PESTE" (avril 2020)
- Par guy-bouton-devarennes
- Le 13/06/2024
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Sur l'île de Mayotte, les camions militaires débarquent du navire en provenance de France du matériel médical et des vivres. Les habitants s'agglutinent autour, tendant les mains. Une femme crie : "Le virus, Dieu s'en charge, il nous protège. Mais donnez nous à manger, nos enfants vont mourir de faim". On pensait jusque là que Dieu commençait par pourvoir à la becquée quotidienne de chacun de ses enfants. S'il ne fait même plus celà, comment pourrait-il guérir les gens ? C'est qu'il est mort. S'il ne fait même pas celà, malheureusement pour nous, c'est qu'il n'est pas.
En Italie, par manque de place, on a transformé des hôtels en hopitaux à Bergame. Mais c'est à New-York que le spectacle donné par le pays le plus riche du monde fait peine à voir. Après avoir été stockés dans des camions frigorifiques, des centaines de victimes sont enterrées côte à côte et superposées dans leurs cerceuils au fond de fosses communes sur l'"île aux morts" qui s'apprête à recueillir peut-être vingt mille victimes du virus réclamées par aucun proche au bout de quatorze jours ou dont les familles n'ont pas les moyens de s'occuper.
Selon Investir du 10 avril 2020, les inscriptions au chômage devraient dépasser 20 millions en avril. Or plus de la moitié des employés bénéficient de l'assurance sociale de la société dans laquelle ils travaillent. La pluspart de ceux qui perdent leur emploi perdent donc également leur assurance-maladie. Selon l'Economic Policy Institute, ce sont déjà plus de 3,5 millions d'Américains qui ont perdu leur couverture sociale sur les deux dernières semaines de mars et qui viennent s'ajouter aux 28 millions qui ne sont pas assurés. Or une hospitalisation liée au Covid-19 coûte entre 45 000 et 75 000 dollars. Que pourront bien faire d'autre toutes ces familles pauvres que laisser mourir et enterrer loin d'eux leurs malades ?...
En France, le 16 avril on a passé le cap des 17 000 morts ; dans le monde, 132 000 dont les 2/3 en Europe. Le 17 on compte 4 500 décès aux Etats-Unis en 24 h et 761 en France, ce qui porte à 18 681 le total. C'est donc plus qu'une grosse grippe. Mais aux journaux télévisés, on nous dit tous les jours que ça s'améliore, et on donne de plus en plus rapidement les chiffres : ça, au moins, c'est bon pour le moral.
Parallèlement, les savants semblent savoir de moins en moins de choses. Par exemple, il est de moins en moins certain qu'une fois guéri on soit immunisé ; et si l'épidémie semble régresser aujourd'hui, il se pourrait bien qu'elle revienne en force à l'automne, et voire même courant 2021, comme la grippe espagnole l'avait fait en 1918 ; ça, c'est moins rassurant. D'autant qu'avec 20 265 morts aujourd'hui 20 avril en France il faut bien se résoudre à prendre ce virus au sérieux.
Sauf aux Etats-Unis, où malgré les 40 000 morts, beaucoup pensent que Dieu les protège, et que seule compte la liberté de chacun de faire ce qu'il veut. Pendant ce temps le prix du pétrole chute et les producteurs d'huile de schiste commencent à fermer. Mais pas qu'eux. La chute du prix du baril rend le bioéthanol moins compétitif et en conséquence les prix du maïs américain et de la canne à sucre brésilienne, qui servent à la fabrication de ces carburants "propres" (amidon et sucre), s'effondrent à leur tour. L'économie mondiale n'est pas sortie d'affaires. Mais aux Etats-Unis, pays de la liberté "du renard dans le poulailler", l'activité reprend malgré 1740 morts de plus en 24 heures le 22 avril.
Et ce satané virus continue à surprendre. Un malade en voie de guérison rechute brutalement et violemment au bout de six semaines. Et voilà que les chercheurs de l'hôpital de la Pitié-Salpêtière découvrent que les fumeurs résistent mieux que les autres à l'infection, la nicotine ingurgitée faisant barrage. Allons-nous nous remettre à fumer ?... Sauf que comme tous les médicaments la nicotine est un poison, et que le tabac contient d'autres poisons encore que la nicotine. Le remède serait donc bien pire que le mal puisque le tabac tue 7 millions de personnes par an dans le monde, et 73 000 rien qu'en France, soit près du double des victimes du virus à ce jour... Mais on ne s'en émeut même plus, pas plus que des accidents de la route dus à l'alcool.
Pendant ce temps la nouvelle peste s'insinue dans les villes. Elle pousse les confinés chaque jour un peu plus loin, jusqu'aux limites de la folie : on frappe sa femme, on tue son bébé, on envoie des lettres anonymes. On ne sait pas ce que sera le jour d'après, mais le jour de maintenant devient pesant. Heureusement, ce confinement nous aurait épargné 60 000 morts. Mais une nouvelle souche du virus plus difficile à détecter et plus résistante serait apparue en Chine.
Les gouvernements vont donc emprunter des milliards aux banques centrales, qui vont, elles, créer de la monnaie, afin de subventionner l'activité économique à l'arrêt, mais ça ne leur pose aucun problème. Cependant, des millions de pauvres continuent à mourir de faim dans le monde, mais personne ne cherche ni remède, ni vaccin, contre la faim. Et il y a toujours des guerres, des massacres, mais c'est simple, on ne les montre plus. Les journaux télévisés débordent déjà tant d'images de confinés malheureux aux balcons, et aussi, heureusement, d'initiatives solidaires ici ou là. Le tiers-monde affamé ou sous les bombes, c'est où déjà ?...
Certes, vous et moi, nous sommes toujours vivants. Mais vivement que ce livre paraisse, "Les grands et les petits". Et créez vous aussi. Ce que l'on crée, grand ou petit, prolongera notre vie d'autant.
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